Comment parler de la ville, révéler les structures du tissu bâti ? Comment adopter un regard neutre sur les frontières invisibles et les forces générant les paysages urbains qui nous entourent ? Ce désir de donner la parole aux rues, voies, places, avenues, pour qu’elles nous racontent leurs histoires, est à la base de ce projet.
Le choix s’est porté sur les rues portant le nom de Paul Cezanne (1839-1906), ce peintre ayant tiré le trait d'union entre deux mondes, celui de la représentation et celui de l’abstraction. Le hasard est étranger à ce choix : le nom de ma rue est Paul Cezanne, il peignait non loin sur la colline, son atelier se situant plus bas dans la pente. On peut dire que les riverains vivent dans un tableau. C’est un privilège dont sont privées la plupart des personnes résidant dans les nombreuses rues Cezanne. Le choix de ce nom, très prisé durant l’Après-Guerre, est révélateur des imaginaires de notre société.
L’odonyme devient un prétexte, une clé de lecture des processus de la fabrique de la ville. Il concerne des typologies urbaines très contrastées, toujours illustratives d’un phénomène, d’une disposition historique ou d’un paradigme dans l’histoire de l’urbanisme.
NB : la famille du peintre n’a jamais utilisé la graphie accentuée de son patronyme.
1 – Avenue Paul Cezanne, Aix-en-Provence. Un ancien chemin rural en mutation permanente.
2 – Boulevard Paul Cezanne, Gardanne. Une frontière entre deux villes.
3 – Place Paul Cezanne, Marseille. L’empreinte en creux des remparts de Louis XIV le « roi soleil ».
4 – Avenue Paul Cezanne, Mulhouse. L’urbanisme fonctionnel des Trente Glorieuses.
5 – Rue Paul Cezanne, Paris. Une rue privative dans un centre d’affaires.